« Merci Montréal de nous avoir offert un foyer, à nous et notre groupe », lance Win Butler au micro en brandissant son trophée. Sa formation vient alors de remporter le GRAMMY® de l’album de l’année 2011 avec son troisième effort, The Suburbs (2010), coiffant Eminem, Katy Perry et Lady Gaga au poteau. Le cri du cœur de cet Américain qui a fondé Arcade Fire en 2001 avec son épouse Régine Chassagne témoigne bien sûr de l’attachement de la bande à la métropole québécoise, mais plus encore du succès d’estime, puis médiatique, qu’elle y a obtenu dès ses débuts. Peu après sa rencontre, le duo créatif s’adjoint plusieurs musiciens aux styles bigarrés. Percussions, cuivres, vielle à roue et cordes confèrent une puissance de frappe émotive majeure aux premières chansons du sextuor qui aboutissent sur l’album Funeral en 2004. « Neighborhood #2 (Laika) », « Wake Up » et « Rebellion (Lies) » incarnent parfaitement l’effervescence presque mystique qui anime le groupe et qui se traduit par des performances scéniques où paraissent se mêler le rituel vaudou, le concert rock et les célébrations gospel. Neon Bible, en 2007, confirme leur attrait pour les structures pop, harmoniques et rythmiques inhabituelles, mais surtout ce désir de soulever le public en le prenant par les tripes. La formation organise des spectacles secrets pour ses fans à Montréal, tente de fuir les pièges de la célébrité, mais celle-ci le rattrape après le succès de masse de The Suburbs, puis sa collaboration avec David Bowie sur la pièce titre du double album Reflektor (2013), où Arcade Fire oblique vers un rock aux accents parfois caribéens, mais conservant la même urgence. Celle de vivre à fond et d’aimer sans compromis.