Metallica n’a pas seulement contribué à inventer le heavy metal, il a grandi avec lui. Formé en 1981 lorsqu’un adolescent « ringard et marginalisé » — selon les mots de Lars Ulrich — du comté d’Orange en Californie, a placé une petite annonce mentionnant Iron Maiden et Diamond Head, le groupe a fait ses débuts en 1983 avec Kill ’Em All et a été le pionnier de cette synthèse éblouissante de punk et de métal britannique que nous appelons aujourd’hui thrash. Après s’être installé dans la Bay Area au début des années 1980 pour faire la cour au bassiste Cliff Burton, Metallica — Ulrich à la batterie, le guitariste Kirk Hammett, le guitariste-vocaliste James Hetfield, et Burton — a fait du metal une sorte de forme artistique, délaissant l’attrait glamour du hair metal pour des suites de chansons graves, progressives et complexes, qui exploraient des sujets comme le suicide, la corruption politique et l’horreur psychologique de la guerre. Burton, décédé dans un accident de bus à la fin de l’année 1986, a été remplacé par Jason Newsted et le groupe s’est retrouvé pour l’album historique de 1988, ... And Justice for All. Même s’il est devenu un phénomène mondial dans le sillage de son album éponyme de 1991, qui a battu tous les records, Metallica a continué de suivre sa propre voie, avec différents line-ups, s’essayant au rock sudiste (Load, 1996), aux hymnes funèbres conceptuels (Lulu, leur collaboration clivante avec Lou Reed, en 2011), au hardcore dépouillé (St. Anger, 2003) et même à des albums live avec orchestre (S&M, 1999). En 2022, l’intégration de leur chanson « Master of Puppets » dans le dernier épisode de la série Stranger Things donne naissance à l’un des moments les plus iconiques de l’histoire de la télévision. Le parcours de Metallica recoupe, par essence, l’évolution du metal lui-même : un va-et-vient entre simplicité et complexité qui ne cesse de questionner notre compréhension de la vitesse et du volume sonore.